fr / en
Interview d'expert

Réengager ses
talents au travers des
événements digitaux

Télétravail a rimé cette dernière année avec boom digital. Les entreprises, pour la plupart, ont été amenées à se réinventer pour s’adapter à cette période historique qui a marqué le monde du travail et les individus à l’échelle mondiale.

Pour les dirigeants et les managers, le plus gros challenge a été de faire face à un symptôme pernicieux de cette crise économique et sanitaire : la baisse de motivation de leurs employés et le maintien d’une cohésion d’équipe.

Au-delà des priorités d’ordres financiers, technologiques et RH, qui relevaient de la survie des entreprises, les dirigeants ont fini par réaliser que la disparition des pauses cafés, des séminaires de Noël, des Fridays drinks (qui avaient été sous-estimés en premier lieu) avaient eu un impact majeur sur l’engagement des collaborateurs.

C’est à ce problème qu’ont voulu répondre les entreprises spécialisées dans l’événementiel. Elles ont souhaité recréer au travers de leur transformation digitale, une « vie de bureau » ; celle qui teintait les réunions de la vision du dirigeant, celle qui rythmait les journées de moments de partage, de rires, de high fives, celle qui était propice à l’épanouissement professionnel.

Upward a rencontré la fondatrice d’Acmé, Aurore Abecassis, une ancienne consultante en stratégie de Bain&co qui a souhaité faire de l’événementiel virtuel une opportunité inespérée pour les entreprises en quête d’un semblant de vie normale.

La plus grande erreur que l'on peut faire sur un événement à distance, c’est de croire que le programme physique peut être plaqué au programme digital.

Aurore Abecassis

Fondatrice d'Acmé

/ 01
Aurore, pourriez-vous reprendre avec nous les différentes étapes de votre parcours et nous présenter Acmé ?

Mon parcours ne s’est pas d’emblée identifié à celui du secteur de l’événementiel. J’ai fait mes classes sur les bancs d’HEC avant de me tourner plutôt naturellement vers le conseil en stratégie. J’ai évolué chez Bain&co pendant plusieurs années avant de ressentir l’envie de faire autre chose. J’avais d’ores et déjà la fibre entrepreneuriale, je souhaitais créer quelque chose de nouveau, mais je ne savais pas réellement à ce stade vers quel univers me tourner.

J’ai donc décidé de mettre en place un nouveau crédo : 1 jour 1 café ! Pendant 6 mois, j’ai décidé de rencontrer quotidiennement des personnes de milieux complètement différents pour trouver ma voie. J’ai commencé par faire du coaching en binôme et en groupe chez Switch Collective, et j’ai été complétement séduite par l’aspect humain du métier et les rencontres qui en découlaient. Créative et friande d’expériences immersives, l’événementiel a sonné une cloche !

/ 02
En quoi l’agence Acmé est-elle différente des autres agences événementielles ?

Aujourd’hui, il y a une agence événementielle qui sort tous les jours, il fallait qu’Acmé (anciennement Fomo) se démarque sur le marché. Mon passé de consultante en stratégie a su faire la différence dans l’approche que nous proposions et m’a également apporté de la légitimité auprès de très beaux noms.

En mettant le curseur sur l’aspect conseil et la créativité, Acmé propose des prestations sur-mesure à ses clients qui dépasse la dimension simple de l’événementiel. Aujourd’hui nos clients nous appellent pour traiter un problème interne – RH, managérial, financier – ou externe – lancement de produit, RP, clients – que l’on règle au travers d’une expérience que l’on veut particulière et inédite. Comme pour n’importe quelle mission de conseil, on passe par un diagnostic, et on mesure l’impact de l’événement après celui-ci.

/ 03
Sur cette période très particulière du covid, vous avez fait évoluer vos prestations en proposant des événements digitaux. Quels conseils donneriez-vous à un dirigeant ou à une personne amenée à s’exprimer en public pour « réussir » cette prise de parole digitale ?

Qu’il s’agisse d’un événement business – dans lequel votre présence est obligatoire – ou un événement plus « teambuilding », le plus gros challenge que nos clients peuvent avoir, c’est l’engagement qu’ils vont devoir créer. Il y a une vraie nécessité de proposer de « l’exceptionnel ». Partager sa vision devant une salle de 1000 personnes avec un micro à la main et la présenter chez vous assis devant votre ordinateur, cela ne véhicule pas le même impact.

Vous n’en n’avez peut-être pas conscience, mais le présentiel, en fonction de l’événement, fait appel à nos 5 sens et c’est aussi au travers de cela que passe l’exceptionnel ; ce qui n’est plus le cas lorsqu’un événement est réalisé à distance. Il faut donc créer l’immersion d’une autre manière, parfois même en ré-invoquant ces sens autrement.

Parce-que vous avez la barrière de l’écran, il faudra être encore plus théâtral, mais aussi ne pas vous laisser plomber par la situation : lorsque l’on s’exprime à distance, on ne voit pas la réaction des gens par exemple – ceux qui en ont fait l’expérience le savent -, et ce simple détail peut avoir de vraies conséquences sur l’audience. Beaucoup d’orateurs adaptent et construisent leur discours autour d’une audience qu’ils voient, qu’ils entendent ; cela peut être très déstabilisant.

Il faut aussi assurer et appréhender toute la partie technique de votre prise de parole digitale… qui peut avoir un impact très négatif sur l’attention de votre audience. Et plus vos effectifs sont grands, plus il faudra vous adapter. Nous avons bien compris cet aspect-là et c’est à ce genre de situation qu’une agence comme la nôtre peut répondre.

/ 04
Quelle est la plus grosse erreur que l’on puisse faire sur une prise de parole via un écran ?

La plus grande erreur c’est de croire que le programme physique peut être plaqué au programme digital. Il n’est pas possible de miser sur le même scénario.

Animer derrière un écran demande des compétences complètement différentes. Particulièrement, si on prend l’exemple de la période covid : les dirigeants se sont retrouvés avez des collaborateurs démotivés, parfois déprimés et bien souvent moins engagés qu’en période normale. Il faut donc faire appel à sa créativité, proposer des choses différentes. Mais animer en digital, on ne l’avait jamais fait, c’est donc tout à fait normal que certaines personnes se soient retrouvées en difficultés lorsqu’elles se sont prêtées à cet exercice.

/ 05
Quelles sont les clefs sur la durée, pour relancer une cohésion et une motivation des équipes au travers des événements ? Quel est l’impact du levier évènementiel ce réengagement des équipes ?

On l’a senti, ce qui a manqué aux collaborateurs, ce n’est certainement pas le métro ou les klaxons matinaux. Ce sont plutôt les pauses-café, le fait de se croiser dans les couloirs… en bref, l’interaction humaine. Cet manque-là, on peut le dépasser en recréant les petits événements du quotidien.

On a créé pour un client le café-roulette par exemple : 15 min tous les jours avec un collègue et on change de partenaire tous les jours. On a aussi créé des petits univers durant ces speed meeting pour que les participants aient des sujets sur lesquels échanger. Ça a super bien fonctionné.

Sur des temps un peu plus longs (environ 1h), on a préparé des événements teambuilding digitaux : masterclass, cours de mixologie, blindtests… On a aussi créé des photobooths virtuels et les gens recevaient les photos par la poste !

Pendant la période covid, il a fallu recréer de l’échange et des interactions. Perdre le contact n’a jamais été aussi pénalisant pour les entreprises et certains de nos clients l’ont vite ressenti sur les livrables. Ce sont ce genre d’événements qui permettent aujourd’hui des retours sereins au bureau.

De manière générale, je pense que le plus important, c’est de rester à l’écoute de ses collaborateurs pour comprendre ce qui peut vraiment jouer un rôle dans leur épanouissement professionnel. Un événement, qu’il soit digital ou en présentiel, peut avoir un impact très positif à ce niveau-là.

/ 06
As-tu un exemple concret d’une mission longue qui a réellement eu un impact sur les équipes, du point de vue de l’engagement mais aussi de la santé de l’entreprise ?

On en a plusieurs ! Mais si je devais en citer un, je prendrai celui de BNP Paribas. Pour ce client, nous avons élaboré un cluedo géant qui a duré 6 mois. Chaque mois, des annonces stratégiques étaient dévoilées, en phase avec les projets de l’entreprise pour aider à la résolution du jeu. Acmé s’est complètement imprégné des problématiques business de l’entreprise pour les faire transparaître dans cette expérience à laquelle tout le monde était convié. Au travers de ces 6 mois de jeu, on a transmis aux collaborateurs des valeurs de développement durable, de cohésion d’équipe et on a aussi recréé la vie d’un employé de BNP Paribas au sein de l’aventure immersive.

Tout au long de ce jeu que l’on a réussi à faire durer – grâce au challenge des énigmes à résoudre, au petits lots à gagner – , on a vraiment réellement vu les équipes s’impliquer.

Cet exemple permet de montrer qu’il est tout à fait possible de mixer la stratégie avec le fun ! C’est particulièrement dans ces moments-là qu’il devient possible pour un collaborateur de s’imprégner d’une vision. C’est presque une forme de maïeutique.

Chez Acmé, ce sont les festivals qui nous ont inspirés – notamment Burning Man – et qui nous ont conforté dans l’idée qu’il fallait choisir cette approche inédite. L’effet whaou, la création d’un nouvel espace-temps véhicule une ouverture d’esprit ; cela permet d’assimiler beaucoup de choses que l’on n’aurait pas appréhendé de la même manière dans un cadre plus corporate.

Mais finalement, on a juste poussé l’expérience jusqu’au bout. La plupart des entreprises mettent déjà en place régulièrement des séminaires de Noël ou d’été, des teambuildings, des Friday drinks. Et elles savent très bien pourquoi il est important de continuer à mettre cela en place.

Nous, on a juste trouvé un moyen d’être ensemble aussi au travers d’un écran et on a mis les bouchées double sur l’immersion !

/ 07
Est-ce qu’aujourd’hui vous avez un moyen de mesurer votre impact ?

On a des KPI ! Ils s’adaptent en fonction des objectifs d’une entreprise mais globalement et sur le long terme, il devient possible de mesurer l’ impact de notre intervention grâce au retour des employés. Il devient également maintenant envisageable de nous appuyer sur des chiffres beaucoup plus concrets : la rétention et l’acquisition des talents par exemple.

/ 08
Quelle est la bonne fréquence à adopter pour ce genre d’évènements en fonction des enjeux et des tailles d’entreprises ?

Mon conseil serait : faites-en peu, mais quand vous en faites, mettez le paquet ! Il faut que cela marque. Deux gros événements fois par an avec quelques petits meetup tout au long de l’année, c’est déjà très bien.

Découvrez Acmé

Retrouvez tous nos articles & offres d'emploi sur LinkedIn

Merci de redimensionner votre écran pour accéder au site