D’avocat à juriste,
de juriste à avocat
de juriste à avocat
D’avocat à juriste : des pièges à éviter
- Un mode d’exercice différent
En raison du caractère indépendant de la profession, passer d’un cabinet à une entreprise peut se révéler parfois compliqué. Habitué à évoluer dans un écosystème particulier, l’avocat peut être confronté à des difficultés d’adaptation en rejoignant le monde de l’entreprise, dans laquelle la culture est différente. Ces difficultés sont principalement liées à un mode d’exercice davantage collectif ainsi qu’à des interlocuteurs et preneurs de décisions variés, souvent éloignés du domaine juridique. L’ADN d’un cabinet d’avocats, quel qu’il soit, est également très différent du monde de l’entreprise.
- Une expérience trop longue en cabinet
Deux problèmes majeurs peuvent survenir dans le cas d’une expérience significative en tant qu’avocat : le profil et la rémunération.
Le profil
En premier lieu, après de longues années d’exercice et étant fortement marqué par la profession, les employeurs potentiels seront plus réticents à opter pour le profil d’avocat, ce dernier étant habitué à travailler de façon indépendante et moins collective. Le management qui est souvent demandé à un certain niveau de séniorité est très différent en cabinet et en entreprise. En effet, les avocats ne sont pas réputés pour être les meilleurs managers, et ce n’est bien souvent pas leur priorité !
La rémunération
En second lieu, la rémunération de l’avocat tend à devenir plus importante que celle du juriste après plusieurs années de pratique, d’où la difficulté à trouver un poste en entreprise qui soit intéressant à ce niveau. Les entreprises ont également tendance à éviter de procéder à des recrutements comportant une diminution de revenu importante, ceci étant principalement lié au risque d’insatisfaction et de manque de motivation qui peut se produire.
Le détachement en entreprise : une autre modalité d’exercice de la profession d’avocat
Pratique récurrente des cabinets d’avocats permettant la fidélisation de leurs clients, le détachement en entreprise. Il consiste pour un cabinet à mettre à disposition un collaborateur au sein d’une entreprise pour une durée déterminée qui est comprise, en moyenne, entre 6 et 12 mois. L’avocat peut travailler directement chez le client à temps plein ou avec une répartition du temps entre son cabinet d’origine et l’entreprise. Ce type d’expérience est souvent bien perçu par les entreprises qui recrutent car cela implique une connaissance plus fine du fonctionnement interne du corporate par l’avocat et confère une valeur ajoutée à son parcours. Il s’agit généralement d’un véritable accélérateur de carrière pour ceux qui souhaitent passer en entreprise après une première expérience en tant qu’avocat.
Cependant, cette expérience peut parfois être mal vécue. C’est le cas lorsque l’avocat « perd contact » avec son cabinet, surtout s’il y avait été recruté peu de temps avant son détachement. C’est également le cas si l’entreprise le place en position de subordination ou lorsque l’avocat a l’intention de développer sa clientèle personnelle mais n’en a pas la possibilité réelle en raison du caractère prégnant de sa mission.
De juriste à avocat : la transition est-elle plus simple ?
Grâce à une procédure de passerelle prévue par l’article 98 du décret n°91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d’avocat, un juriste peut devenir avocat après huit ans d’expérience au sein d’un service juridique d’une ou plusieurs entreprises. Cette procédure le dispense de l’obtention du CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’avocat) qui constitue la voie d’accès normale à la profession. Toutefois, cette procédure impose de passer un examen contrôlant ses connaissances en déontologie et règlementation professionnelle.
Ce mouvement est de plus en plus répandu et concerne en majorité des profils experts avec une certaine séniorité.
Les profils les plus demandés par les cabinets sont ceux leur apportant de la visibilité sur un marché, une expertise très pointue et/ou un « carnet d’adresses » et donc la possibilité de développer une clientèle supplémentaire rapidement au sein du cabinet. Ainsi, les anciens Directeurs Juridiques, les Directeurs Compliance de grands groupes, les hauts fonctionnaires de l’administration fiscale et de certaines autorités mais également certains hommes politiques sont des profils idéaux.
Enfin, notons que de plus en plus, ce mouvement de fond se fait dans les 2 sens et même plusieurs fois dans une carrière !
D'avocat à juriste
Il n’y a pas de moment précis à partir duquel le passage d’une profession à l’autre est susceptible de devenir compliqué.
Néanmoins, une transition effectuée après 2 à 5 ans d’exercice et pas au-delà de 10 ans est recommandée. La sixième année d’exercice est souvent une année charnière concernant la rémunération. C’est souvent, en effet, la dernière année où la société va pouvoir s’aligner sur la rémunération du candidat. Ça ne sera pas nécessairement le cas au-delà.
A partir de 10 ans d’exercice, bon nombre d’entreprises vont considérer que l’avocat possède un parcours trop marqué par ces années en cabinet. Outre la rémunération sur laquelle l’entreprise ne pourra plus s’aligner, le profil de l’avocat sera fortement marqué par la culture cabinet et par une forte spécialisation de sa pratique. Moins simple dans ces cas là d’effectuer une transition.