Comment se préparer
à la prise de parole média ?

Je pense que la maîtrise de la prise de parole en public s’acquiert avant tout en s’exerçant par des simulations de cas concrets. Pour ma part, je privilégie la pratique : tout comme le vélo ou la natation, cette discipline ne s’acquiert pas par correspondance !

Mais avant même de s’exercer, il faut avoir en tête trois points :

1. Un Dirigeant doit avoir conscience de sa légitimité sur un sujet donné, au nom de son statut, son titre, son expérience ou son vécu. Ces raisons doivent être rappelées au moment de la prise de parole comme booster de confiance en soi. Elles ré-instaurent une zone de confort et agissent comme un levier qui renforce l’assertivité d’une personne, c’est à dire l’art de faire passer un message. L’une des clefs pour réussir une intervention média est de savoir ce que l’on sait et quels sont les terrains où l’on est le moins à l’aise. Ce constat évite de se laisser embarquer sur un sujet glissant qui ne relève pas de sa compétence. Je donne souvent l’exemple d’interviews qui se sont mal passées, lorsqu’une personnalité politique en vient à bafouiller, prise en flagrant délit d’ignorance. Il faut savoir recadrer son interlocuteur ou éluder une question sans embarras.
2. Un deuxième aspect, plus technique, relève de la nécessité à s’exprimer clairement et avec confiance. Cela passe par une bonne élocution, avec respiration et points d’appui pour se sentir à l’aise le jour J. Certaines agences ont même une salle équipée de tabourets hauts, semblables à ceux qu’on trouve sur les plateaux TV, afin de reconstruire les conditions du direct. Lors des formations que je dispense, j’installe les dirigeants devant une caméra. Puis, on observe ensemble la vidéo prise (autoscopie) et on débriefe autant du contenu des réponses que de l’attitude physique.
3. Enfin, cœur du sujet : un dirigeant doit apprendre à articuler la question posée avec son propre agenda : une bonne interview répond aux sujets évoqués en les reconnectant avec ce que le dirigeant a à dire. Les messages doivent être préparés et il faut savoir se raccrocher à une question pour imposer ses éléments de langage.

Oui, Il faut apprendre à parler à des journalistes. Dans les médias, il y a un certain nombre d’attendus en termes de saillance afin de capter l’attention des auditeurs. Il faut aussi apprendre à reformuler les questions du journaliste afin d’être repris correctement après un montage ou une retranscription. L’interview média mélange empathie, qui permet au journaliste d’inciter l’interlocuteur à livrer des informations, et piques, qui consistent à aller chercher la personne à la lisière de sa zone d’expertise et de légitimité. Le journaliste peut vous emmener indûment sur un message qui n’est pas le vôtre. Il faut toujours veiller à poser la limite et recadrer le sujet.

L’un des enjeux de la prise de parole est bel est bien de faire face au stress : une émission suscite forcément un peu de trac. Ce stress cache souvent en réalité un malaise dû à un manque d’informations sur l’émission ou sur les messages à faire passer. Faire face au stress se travaille. Une correcte préparation est le meilleur moyen de ne pas être pris au dépourvu et de maximiser les chances de faire passer les messages voulus.

Certains blocages plus sévères sont d’ordre médical (bégaiement, toc, cheveu sur la langue), et le recours à un orthophoniste peut s’avérer nécessaire. D’autres “paralysies” peuvent se régler avec des séances de coaching. Je me souviens d’une jeune fille, dont l’intensité émotionnelle dans le discours était tellement forte, qu’elle en sortait épuisée. Cela lui donnait beaucoup de charisme et rendait son discours très engagé face à un média, mais nous avons mené un travail sur la gestion de son énergie pour canaliser ses efforts et en tirer parti.

J’évite les format trop longs, impossibles à tenir pour des dirigeants à agenda chargé. A l’Ecole de la Guerre, je dispense une formation de 8 séances de 2h00. Cela dit, nous répondons parfois à des requêtes plus spéciales, comme la communication en situation de crise, l’interview en 1 to 1 face à un journaliste, et la préparation à un format particulier (vidéo, télé, radio). Chaque scénario a ses spécificités, en termes de contraintes et de durée.

Aujourd’hui, aucun Dirigeant ne conteste la nécessité de se former à la prise de parole médiatique, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. Pour réussir une belle carrière, les chefs d’entreprise ont conscience qu’ils devront tôt ou tard faire face à une caméra et un micro. En conséquence, l’offre de Média Training s’est développée tout d’abord au sein d’agences de communication, qui proposent des formations en groupe ou en solo. Certains journalistes mettent à profit leur expérience et dispensent également des training en 1 to 1 – avec les conflits d’intérêts que cela comporte.

Il faut suivre une formation dès que le besoin se présente ! Les dirigeants gèrent les urgences les unes après les autres. Quand une date butoir approche – un entretien annuel, un événement – la question d’une prise de parole média se pose : c’est alors le bon moment.

Concernant l’entretien de cette compétence à long terme, il convient de faire une mise à jour de temps en temps. Après un exercice on peut se sentir autonome, mais les réflexes acquis s’évaporent avec le temps. La prise de parole reste une gymnastique, une discipline qu’il faut rafraîchir avant une intervention TV. Je conseille de mettre en pratique les enseignements de base et de toujours regarder qui seront les autres personnes d’un panel. En menant une rapide recherche Google sur les personnes qui seront là le jour de l’interview, on peut s’épargner un stress conséquent le jour J. Certaines personnes sont plus charismatiques, plus assertives, plus douées. Mais la prise de parole se travaille – c’est ce qui fera la différence entre ceux qui vont s’en sortir dans la durée, et briller dans des contextes inattendus.